Résolution Intégration et inclusion – votée en unanimité au Congrès national du CSV International le 01/02/2023

Au cours de son histoire, le Grand-Duché de Luxembourg s’est fait remarquer par sa flexibilité, sa culture d’accueil et de vivre ensemble, et son multilinguisme. Cette particularité s’explique par sa position géographique, sa petite superficie et par son besoin en main d’œuvre étrangère.

Ainsi, le français et l’allemand, langues de ses voisins, sont historiquement des langues administratives du pays. Ce choix fut considéré un grand avantage à l’heure de choisir le Luxembourg comme siège de certaines institutions européennes, comme la Cour des Comptes Européennes, la Cour Européenne de Justice ou bien l’Office des Publications de l’Union Européenne, qui ont aidé au développement du pays. Le luxembourgeois a été institué langue nationale par la loi du 24 février 1984 sur le régime des langues. Cependant, bien que le luxembourgeois dispose d’une orthographie normalisée officielle, le Luxembourg n’a pas cherché à imposer ni au niveau européen, ni d’ailleurs au niveau national et, de ce fait, son usage à l’écrit est resté très restreint pendant des années.

De nos jours, la population du Grand-Duché de Luxembourg est à moitié constituée de résidents étrangers, représentant plus de 170 nationalités différentes, avec des codes et des références économiques, sociales et culturelles diverses. À cela s’ajoute cca. 200.000 travailleurs frontaliers.

Contrairement à d’autres pays multilingues, comme la Suisse, la Belgique ou le Canada, où la distribution des langues est géographique, le multilinguisme luxembourgeois est purement fonctionnel et contextuel. Ce qui signifie que le choix d’une langue dépend de la situation. En conséquence, tout nouvel arrivant est confronté à un multilinguisme multidimensionnel rendant son intégration compliquée.

Compte tenu de cette réalité démographique, économique, sociale, culturelle et linguistique, le processus d’intégration implique un effort collectif non seulement de la part des nouveaux arrivants, mais également de la population autochtone, qui comporte plusieurs dimensions :

  • la dimension économique,
  • la dimension culturelle et éducationnelle,
  • la dimension politique et citoyenne,
  • la dimension sociale.

Le CSV est le premier parti politique à avoir créé en octobre 2008 une sous-organisation dédiée à l’inclusion de membres étrangers ne parlant pas ou peu le luxembourgeois, le CSV International (CSI). Le CSI est devenu une plateforme officielle pendant la présidence du parti de François Biltgen afin d’accueillir les personnes non luxembourgeoises, reflétant ainsi l’importance de l’inclusion de tous les résidents dans la vie active du pays.

Il importe de noter que le CSV est le seul parti qui a, à présent, une section internationale active qui utilise d’autres langues que le luxembourgeois. Le CSI organise régulièrement des conférences, débats, visites de la Chambre des députés etc. en français, anglais, mais également en portugais, espagnol, roumain etc. qui permettent aux résidents ne parlant pas le luxembourgeois de s’impliquer activement dans la vie politique au Luxembourg. En même temps, le CSI organise depuis 2019 des événements en collaboration avec les sections locales afin de permettre une meilleure inclusion et un véritable partage entre tous les membres.

Compte tenu de la particularité démographique du Luxembourg et de l’importance de consolider son image comme référence positive en termes de vivre ensemble, le groupe de travail Intégration du CSV, constitué en septembre 2020, en concertation avec le CSI, propose les actions suivantes :

 

1)Economie 

L’économie luxembourgeoise dépend largement de la main d’œuvre étrangère, résidente ou frontalière. L’importance de cette main d’œuvre a été mise en exergue lors de la pandémie actuelle, quand la fermeture des frontières aurait sérieusement mis en danger le bon fonctionnement de services vitaux au Luxembourg.

  • Soutenir les entreprises dans leur effort de recrutement de personnes de pays tiers qui sont déjà sur le territoire luxembourgeois, notamment par la mise en place d’un visa spécial à durée limitée pour les indépendants étrangers hautement qualifiés, par le diplôme ou l’expérience, pour la création d’entreprise ou bien pour toute mission de plus de 3 mois au sein d’une start-up, PME ou grande entreprise.
  • Revoir la procédure de l’homologation des diplômes au vu des législations de l’UE de façon à permettre aux gens déjà présents au Luxembourg d’intégrer plus rapidement le marché du travail, y inclus les nouveaux luxembourgeois qui ont fait toute leur scolarité à l’étranger ;
  • Faciliter l’intégration sur le marché du travail
    • des conjoints accompagnants qui sont des ressortissants de pays tiers sans permis de travail mais avec des compétences recherchées sur le marché du travail,
    • des professionnels de certains domaines d’activités qui ont les compétences et qualifications requises mais pas les compétences linguistiques dans une ou plusieurs langues officielles du pays, ainsi de leur permettre de servir certaines communautés linguistiques,
    • des étudiants en master et doctorat de l’Université du Luxembourg après leurs études post-universitaires, profiter ainsi d’un retour sur l’investissement dans leur éducation et notamment des compétences développées pendant ces 3-6 années passées au Luxembourg.

 

2)Culture et éducation

  • Promouvoir et valoriser le multilinguisme et en parallèle trouver des solutions flexibles et adaptées pour soutenir l’utilisation et la promotion du luxembourgeois dans l’espace public ;
  • Utiliser les nouvelles technologies, via services en ligne par QR code p. ex. en vue de promouvoir l’accueil multilingue ;
  • Développer et fournir des cours de langues luxembourgeois entièrement en ligne via les applications tel que Zoom ou Teams afin de faciliter l’apprentissage du luxembourgeois à partir de son lieu de travail ou domicile privé ;
  • Actuellement, le luxembourgeois est affiché trop timidement. Quelqu’un de passage pour un weekend au Luxembourg ne saura même pas qu’il y a une langue luxembourgeoise. La visibilité symbolique du luxembourgeois dans les lieux publics est un élément clé et écrire les noms des lieux en luxembourgeois – rues, avenues, villes, villages- serait un pas dans le bon sens comme le font déjà certaines communes ;
  • S’assurer de l’utilisation systématique de la langue luxembourgeoise dans les classes de l’éducation précoce ;
  • Inciter les luxembourgeois à employer le luxembourgeois, tant à l’oral qu’à l’écrit, pour créer ainsi des opportunités d’apprentissage par la pratique aux personnes désirant l’apprendre ;
  • Soutenir et promouvoir davantage de plateformes d’échange et d’apprentissage alternatif, comme le « Sproochecafé » dont la fréquence actuelle mensuelle est insuffisante.

 

3)Participation citoyenne et politique

  • Promouvoir la traduction simultanée en français, voire anglais, lors d’événements en langue luxembourgeoise tel que les réunions d’informations , les réunions des conseils communaux et les sessions parlementaires ouvert au public afin d’encourager les résidents ne parlent pas ou peu le luxembourgeois à y assister.
  • Stimuler l’offre d’information politique en plusieurs langues, à l’oral comme à l’écrit (les débats politiques ne bénéficiant presque jamais d’une interprétation vers une ou plusieurs langues en usage dans le pays);
  • Fortement encourager les sections locales à promouvoir la candidature de nouveau citoyens ou résidents Luxembourgeois sur leurs listes électorales pour les élections communales ou nationales.

 

4) Dimension sociale

  • Développer davantage une culture de l’accueil ;
  • Étant donné que la commune est le premier point de contact avec un nouvel arrivant, il s’avère important que cette première expérience est essentielle pour l’accueil et la future participation à la vie de la commune, d’où l’importance de mieux soutenir la notion du vivre-ensemble dans la nouvelle loi communale ;
  • Remplacer le contrat d’accueil et d’intégration par un contrat citoyen obligatoire pour tous, qui devrait être géré au niveau communal plutôt que national ; afin de mieux promouvoir le vivre-ensemble et permettre plus de contacts entre les résidents, ce contrat pourrait proposer différents volets, qui aurait davantage l’opportunité de partage :
    • à ceux qui viennent d’arriver au pays,
    • aux nouveaux luxembourgeois ayant acquis la nationalité à l’étranger (qui ne sont à présent pas pris en compte) et
    • à la population autochtone ;
  • De par la loi communale actuellement en vigueur, la commission d’intégration est obligatoire dans toutes les communes. Malheureusement, la mise en œuvre respectivement le bon fonctionnement ne sont pas toujours garantis. Par conséquent, il faudrait peut-être introduire une sorte de reporting, p.ex. obligation de fournir un rapport annuel au ministère qui veillerait à la bonne exécution. Dans ce contexte, il convient de noter que certaines communes ont un « responsable pour l’intégration » informel qui est amené à fournir aux nouveaux arrivants des informations sur le fonctionnement des services publics, sur l’offre de formations pour enfants et adultes qu’il s’agisse de langues, musique, sports ou de formations civique et politique. Nous proposons de professionnaliser cette fonction ;
  • Un « Kit » de bienvenue -en format digital et papier- pourrait reprendre le curriculum du cours « Vivre Ensemble au Luxembourg» et donc regrouper des informations sur les institutions du pays, le système scolaire, une introduction dans la langue luxembourgeoise, les possibilités de volontariat ou encore les us et coutumes du pays ; Beaucoup de nouveaux arrivants souhaitent s’impliquer dans des projets associatifs qui leur permettraient de se faire des amis et donc soutiendrait l’inclusion et la participation à la vie de la commune. Toutefois, ce genre d’information manque généralement ou il est difficile de connaître les opportunités de volontariat et de savoir à qui s’adresser. En même temps, les associations manquent de volontaires. Le bulletin communal distribué à tous les ménages est l’organe d’information dans lequel les associations peuvent aussi ingérer leurs annonces. La commission d’intégration serait l’adresse à joindre pour des informations supplémentaires ;
  • Inclure dans le bulletin communal des interviews avec des résidents non-Luxembourgeois sur leur expérience et vécu au Luxembourg d’un point de vue socio-culturelle et politique ;
  • Proposer au niveau des communes un service volontaire de matching des nouveaux arrivants avec des résidents luxembourgeois ou qui habitent au Luxembourg depuis de nombreuses années qui pourraient s’inscrire sur une liste pour être invité ou bien pour accueillir quelqu’un chez soi pour déjeuner ou diner une fois par mois / trimestre /an afin de permettre un premier contact informel avec des autochtones et créer des opportunités d’échange et de partage, notamment sur les us et coutumes du pays ou d’autres questions que les nouveaux arrivants pourraient avoir ; on sait que l’aspect gastronomique rassemble les gens ;
  • Proposer au niveau des communes des événements d’intégration et inclusion des nouveaux arrivants réguliers. Certaines communes organisent ce genre d’évènements une fois par an, ce qui est insuffisant pour faciliter la mise en en contact des habitants et pour leur permettre de nouer des relations. Ces événements pourraient être coordonnés par des associations et volontaires et soutenus financièrement par les communes ; (voir point suivant)
  • Subsides aux associations et clubs locaux, pour leurs projets et activités ciblées sur l’inclusion et intégration des nouveaux arrivants dans chaque commune, ce qui n’est pas automatiquement lié à la nationalité des personnes. A titre d’exemple, les personnes âgées se trouvent également assez souvent dans un état d’isolement accentué par la digitalisation accrue de l’offre de services en tout genre.

 

Résolution proposée par Daniela Clara Moraru le 01/02/2023 et votée en unanimité lors du Congrès national 2023 du CSV International.

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